ExoGlyphes: Les légions rolistes au secours de la littérature, la Littérature au secours des rolistes

 

lbBvzqwSHdGvfe-XAuVMaDiem9lGQNr2nuoXk7Yd5KM

On a beaucoup glosé sur sur le boom du JDR dans les années 80, suivi de son retour à la niche dès le milieu des années 90. La faute à Mireille Dumas, à Magic, aux jeux vidéos, les bouc émissaires ne manquent pas. Je pense pour ma part que le succès, et les limites du JDR sont liés à la même cause: de s’être constitué en « communauté » fermée sur elle même, puis vieillissante. Et pourtant, la communauté roliste est un réservoir de pratiques d’une grande richesse, inexploitée. Voila comment ExoGlyphes se propose de recoller tout ça:  sauver le JDR tout en faisant des rolistes les légions de l’impérialisme de l’imaginaire. Mégalomanie, quand tu nous tiens ?

 

Dans un précédent article, j’avançais l’idée que la rupture principale du jeu de rôle avec le wargame pourrait bien avoir été, simplement, l’introduction de la « fantasy » (au sens d’imaginaire), en contradiction avec la simulation de la « réalité » historique. Si le giron du jeu de rôle est le wargame, sa raison d’être est directement lié à la littérature de « fantasy » qui s’épanouit entre les années 30 et 60. Son péché original est peut etre de s’en être trop coupée et se constituant comme un univers autonome.

Et pourtant. Par rapport aux autres hobbies, un nombre très important de ceux qui se réclament « rolistes » n’ont en fait pas (plus) de pratique effective. C’est particulièrement frappant pour un jeu « phare » de l’âge d’or comme l’Appel de Cthulhu, dont beaucoup de joueurs disent acheter le jeu non pas pour le jouer, mais uniquement pour le lire.

La mauvaise nouvelle, c’est l’effet pervers de cet état de fait: pousser les livres à des volumes toujours plus importants, donc moins accessibles (en tant que jeux) au plus grand nombre. Le JDR s’enferme dans une spirale sans issue.

La bonne nouvelle, c’est que les rolistes sont (et d’autant plus qu’ils ont vieilli mûri leur culture) devenu le fer de lance des cultures de l’imaginaire. Et ce sont pratiquement les seuls à faire vivre de nombreux « univers monde », des univers « persistants » – bien plus que l’industrie des MMORPG et autres jeux vidéos. Les rolistes sont une caste très particulière qui produit de la valeur bien au delà de son cercle ludique. Une valeur inexploitée et qui se languit dans la caverne du rolisme.

 

Les 3 portes de l’imaginaire

L’idée est donc, avec ExoGlyphes d’aller dans le sens de cette tendance en la faisant s’épanouir.

Plutôt que de continuer à créer des univers de JDR autonome, s’alimenter directement à la source primale, inépuisable, que constitue la littérature. Certes, cela existe déjà (les JDR adaptés d’oeuvre sont légion), mais il s’agit de systématiser et d’approfondir cette relation, de réunir joueurs et non joueurs sous leur appartenance commune d’arpenteur d’univers mondes. Et de faisant, de faire sortir les rolistes de leur caverne et les lancer, avec les autres, au secours (ou au soutien) des univers mondes, dont ils ont la pratique.

Voila le plan. Si ExoGlyphes se consacre à la traduction de romans, ces derniers sont aussi et surtout des « univers mondes ». ExoGlyphes est donc à la jonction des mondes et propose une nouvelle façon de rentrer dans un univers monde, pouvant conduire (ou pas) au jeu. Les 3 portes de l’imaginaire, réunies dans le même processus.

 

  • Ainsi, le roman redevient le premier maillon d’entrée dans un univers, éventuellement suivi – ou pas – du passage vers le jeu. Comme sur ExoGlyphes, les romans sont publiés « en épisodes » une communauté les découvre ensemble. Lors de cette première porte, les rolistes (actifs ou mort vivants) côtoient des non joueurs avec le même intérêt, celui des univers de l’imaginaire. Il va sans dire que déjà, à cette étape, cette promiscuité est bonne pour tous. Pour les rolistes qui trouvent des points de contact et peut être d’autres joueurs. Pour la littérature que les rolistes contribueront à faire vivre (plutôt que de financer des « background »). Et puisque j’ai lâché le terme, la lecture de roman est déjà la découverte d’un univers, d’un « background » de manière progressive. Ce qui me conduit à la deuxième étape…

 

  • La seconde porte est celle de l’encyclopédie. A chaque « livraison » d’ExoGlyphes, les membres d’ExoGlyphes sont invités a donner leur avis sur des points parfois épineux, figurant en note de traduction. Ceux qui le veulent (et gageons que beaucoup de rolistes y sont coutumiers) peuvent aller plus loin et transcrire à chaque livraison, petit à petit, des éléments du monde qu’il apprécient dans un wiki en licence Creative Commons (légal et autorisé par les auteurs sous la condition de ne pas en faire d’usage commercial). Ce Wiki est déjà ouvert (www.500nuancesdegeek.fr/exo/doku.php). Là les rolistes sortis de leurs habitat naturel sont les plus susceptibles d’apporter leur pratique. Ce faisant, ils contribuent à faire connaitre et vivre les univers littéraires auprès des visiteurs, puisque l’ensemble reste ouvert. Point n’est besoin d’ajouter que cela constitue aussi un formidable réservoir pour les joueurs en termes de « background ». La caravelle sera d’ailleurs mise à contribution pour proposer des version alpha de jeu Fate/Apocalypse basés sur ces univers (comme c’est déjà le cas).

 

  • Enfin, la troisième porte est celle du JDR, qui découle logiquement. Cela se produira en chemin, comme on l’a vu, sur La Caravelle, puis sous la forme d’éventuelles versions finales papier au sein d’une campagne de Crowdfunding classique, accompagnée de version finales de l’encyclopédie et d’éventuels tirages papiers grand public des romans. C’est là que les chemins entre rolistes et non joueurs se séparent. Quoique. D’abord, parce que le JDR ne reste qu’un des trois éléments proposés dans la campagne. Ensuite, parce que par « jeu de rôle », j’entend surtout l’usage du système « apocalypse ». Pourquoi celui là ? Parce que contrairement aux autres, il ne s’attache pas à traduire l’univers en une série de « caractéristiques » chiffrées, mais à analyser et traduire directement la fiction en ses constituants. Pas de « Charisme 12 » et « Trouver objet caché 40 % » mais « Chaque fois que vous contemplez l’océan… » ou « Lorsque vous plongez dans votre bibliothèque…. ». Le jeu est donc non seulement nouvellement accessibles aux non-rolistes, mais aussi intéressant à lire pour le non joueur, comme une sorte d’encyclopédie plus poussée ou la fiction serait décortiquée.

 

Voila le plan pour sauver le JDR et faire vivre l’imaginaire sans frontières. ExoGlyphes est presque au palier Orbite au moment ou j’écris, avec déjà presque une centaine de membres depuis fin juin. Et je parierai volontiers qu’il y a une bonne partie de rolistes. L’invasion à déjà commencé…

 

Image: poster inspirée de Stranger Things, par Laurie Greasley….qui travaille actuellement sur un poster pour Berlin XVIII V4 !

Partagez

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.