Le führer rouge

Les historiens savent peu de choses sur la vie d’Adolf Hitler avant le coup d’État manqué qui le mit sous les projecteurs. Ce qui est certain, c’est qu’il ne fut pas politisé dès sa jeunesse, contrairement à ce qu’il affirmait. Et lorsqu’il commença à militer, Hitler n’était qu’un membre parmi d’autres du parti nazi, qui, grâce à ses talents d’orateur et son ambition démesurée, s’appropria le parti pour en faire sa machine de guerre.

Mais comment un homme sans réel passé politique ni soutien se retrouva-t-il d’un jour à l’autre à la tête de l’État allemand ?

Dans Führer rouge, Paul Hynes pose la question autrement, en imaginant ce qui se serait passé si le jeune Adolf, lors des ses années de peinture, à la limite de la clochardisation, avait croisé dans

la Vienne interlope des idéologues socialistes. Insensiblement, il dessine le portrait d’un homme dont les ambitions et les haines demeurent, mais qui prennent, dans un autre contexte, des formes parfois étrangement proches de notre histoire… pour s’en éloigner de plus en plus au fur et à mesure du passage des années.

Dans l’ambiance électrique de la jeune république de Weimar où tout est possible, Paul Hynes tisse un récit choral, à la fois ancré dans la réalité et romancé, incarnant à travers différentes figures, de la jeune ouvrière aux élites dirigeantes, des camarades démobilisés jusqu’aux idéologues du parti communiste, les ressorts de la complexité d’une époque qu’il fait dérailler de vertigineuse façon