Quand Lovecraft voyait des licornes….un extrait de Equoid, Roman de Charles Stross dans ExoGlyphes, en octobre

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Voila. ExoGlyphes attaque maintenant la traduction premier roman – court – de La Laverie de Charles Stross, Equoid ! Comme vous le verrez dans l’épisode ci-dessous, Bob Howard y fait des recherches sur l’enfance d’un obscur écrivain: Lovecraft. Une enfance qui pourrait expliquer pas mal de choses sur le Mythe. Dès que le palier « Orbite » sera atteint, la traduction sera validée et livrée en deux épisodes seulement, mi octobre et début novembre. il ne manque pour cela que huit quatre euros (!), soit 1 pledge « livre papier » de plus. Ça tombe bien, il n’en reste presque plus…

 

Mais bordel, qu’est-ce que les lettres d’amour de cet imposteur d’H.P. Lovecraft ont à voir avec le Département des affaires environnementales, alimentaires et rurales ?

Cher Robert,

Je dois vous confesser avoir ouvert votre lettre avec une certaine appréhension, sans oublier des sentiments partagés entre attente et désespoir, tempérés par le désir mélancolique que l’histoire étrange et désagréable de mes propres découvertes et de leurs résultats malheureux puisse freiner l’ardeur avec laquelle vous poursuivez vos études. Je connais bien, à mon immense désarroi, la fascination compulsive provoquée par les mystères ésotériques sur l’imagination d’un érudit introspectif et sensible. Je ne suis pas sans savoir que vous êtes déjà conscient des horribles risques que vous faites courir à votre santé mentale. Par contre, vous ne connaissez peut-être pas les dégâts physiques que ces recherches pourraient causer. Mon grand-père s’est éteint à cause d’elles. Elles poussèrent mon père à demander réparation au moyen d’actes vils et indicibles dont je ne peux aujourd’hui me faire l’écho (il me suffit de dire que sa vie en fut raccourcie) et elles furent gravement préjudiciables à ma santé et à ma condition physique, en particulier pour les choses conjugales. Puis-je le dire en toute franchise ? Sans cette sainte Sonia, je serais sûrement resté une ruine humaine toute ma vie. Seule sa patience gracieuse et infinie put me rendre ce droit ancestral de tous les fils d’Adam. Nous sommes aujourd’hui séparés, mais elle porte toujours en son sein mon coupable secret.

Je dois l’avouer, je n’ai pas toujours été cette lugubre personne. Mon enfance ne fut pas malheureuse, loin de là, même si j’ai longtemps été sujet aux accidents. Je vivais avec ma mère et mes tantes dans des circonstances appauvries, mais néanmoins raffinées, dans la bourgade de Providence. Je commençai mes études par les classiques grecs, romains et égyptiens et les rhapsodies de la vocation poétique furent toutes miennes ! La bibliothèque de mon grand-père était l’orchidée dont je buvais le nectar plus sucré que n’importe quel vin. Il avait amassé une quantité considérable de livres le long de nombreuses années de voyage, motivé par les viles exigences du commerce (permettez-moi d’intervenir à ce stade pour insister sur un point d’une importance capitale : fuyez de telles distractions comme la peste si vous souhaitez atteindre votre plein potentiel d’érudit un jour). Les fruits de ses malheurs fermentèrent en un millésime capiteux à temps pour que mes excursions de jeunesse dans son grenier percent les fûts de la sagesse. Je fus forcé de reconnaître une amère vérité après avoir assailli la lie de sa collection : mes âmes sœurs sont semblables à la poussière des cimetières. Tout comme Poe, je ne fais qu’un avec les morts, car nous autres, esprits de talents, ne foulons ces terres que rarement et sommes convoqués trop tôt vers l’éternelle sortie.

Parlons maintenant des qualités du manuscrit que vous m’avez envoyé dans votre dernière missive. Permettez-moi d’abord de vous remercier infiniment de la chance que vous me donnez d’examiner vos travaux à un stade si précoce…

Je rentre à la maison avec un mal de tête et une dose non négligeable de ressentiment envers : Iris, pour m’avoir refilé ce boulot, le DAEAR pour avoir demandé des renforts, et enfin contre Howard Phillips Lovecraft de Providence, Rhode Island, pour son style littéraire tarabiscoté et exagéré recouvrant l’entièreté du spectre entre le mauve et l’ultraviolet et nécessitant seize volumes d’épîtres interminables pour en venir au fait. Un fait qui ne m’apparaît pas encore d’une grande clarté, malgré une approche asymptotique au cours de ma lecture du dossier ALOYAU ÉQUESTRE ROUGE, grimoire qui m’a semblé faire plusieurs milliers de pages à la prose ouvragée susmentionnée malgré sa… Merde, c’est contagieux.

 

Extrait de Equoid de Charles Stross. Traduction par David Creuse. Parution prévue dans ExoGlyphes mi Octobre. Le roman court sera dans la version papier des souscripteurs, accompagnée des nouvelles.

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