Le jeu de 1001 nuits de Meguey Baker permet aux joueurs de rentrer dans la peau d’un courtisan du palais du Calife (Vizir, gardien du Harem, danseuse, marchand chrétien…), et tout comme Schéhérazade, de séduire le Maître des lieux par ses histoires, en évitant d’être celui ou celle dont la tête tombera…
« Dans le palais du Sultan, il y a de nombreuses pièces. Dans ces pièces, on trouve de nombreuses personnes, et ces personnes ont de nombreuses histoires à raconter.
Ce qui est plus intriguant, c’est que nombre de ces personnes ne peuvent pas quitter ces nombreuses pièces. Les murs ornés de bas-reliefs qui entourent les bassins odorants et les jardins exotiques sont hauts ; les arabesques qui tiennent lieu de portes sont des filets de fer; la façon délicate et calme de s’exprimer, les manières raffinées, font que la signification prise par un sourcil arqué peut atteindre un degré inquiétant. Ce lieu à l’écart préserve la paix du Sultan ; la déranger serait une folie, en vérité.
Cependant, même sous la surface d’un étang paisible, on trouve de nombreux courants, et cet endroit n’est pas une exception à la règle.
Les nuits, tout particulièrement, peuvent être longues dans le désert. Le soleil sombre, et la quiétude du soir enveloppe le palais ; les habitants s’agitent, se baignent, s’habillent, mangent et intriguent. La musique des cymbales, des tambours, des cordes et des percussions emplit les salles de marbre. De la fumée, parfumée ou d’une autre nature, s’infiltre dans des tapis épais et colorés. La coriandre, les dates, le vin, la cardamome, le poivre noir, la noix de coco, le safran et la menthe mêlent leurs saveurs. Des peaux huilées brillent sous le fin coton et la soie, mis en valeur par le cuir et l’or. Et toujours, les planètes dansent là-haut dans l’air frais, et rendent les hommes jaloux par leur liberté.
Est-ce si étonnant que ceux qui vivent ici se tournent vers des contes de mystère et de magie, de beauté et d’aventures courageuses, pour s’envoler en pensée, ne serait-ce que pour un moment ? Et, si le conte de l’un d’entre eux est bien raconté, et lui apporte une faveur d’une sorte ou d’une autre, n’est-ce pas en toute justice ? »
Histoire dans l’histoire, le jeu est aussi un livre sur un livre. Car comment ne pas tomber sous le charme de près d’un siècle et demi d’illustrations flamboyantes (dites, on comprend pourquoi de « l’âge d’or de l’illustration »), mais aussi de peintures, celles de l’école « Orientaliste ». Les gravures, dessins et peintures de Dulac, Doré, Gêromé et des dizaines d’autres égrènent le livre qui est aussi une sorte « d’artbook » des 1001 nuits, pour le plaisir des yeux durant la partie ou à l’occasion d’un simple feuilletage.
[widgets_on_pages id=8]